comptage

Publié le par June Prune

 

Je parle aujourd'hui sur les Vendredis Intellos de l'apprentissage des nombres à l'école maternelle. C'est un sujet très complexe, mais passionnant, qui met en jeu à la fois la spécificité de la langue française par rapport à la langue anglaise, l'histoire des pratiques pédagogiques dans les pays francophones tout au long du 20e siècle, et la formation des enseignants.

J'ai suivi de très loin le débat entre l'apprentissage de la lecture avec la méthode globale ou la méthode syllabique. Je ne sais pas vraiment ce que ces termes signifient, même si j'en ai une idée intuitive. De toutes façons, je me suis toujours empêchée de lancer des opinions infondées, ou fondées seulement sur mon expérience, voire sur l'expérience de mon entourage.

Il me semble que ces sujets, comme la plupart des sujets en lien avec l'école et les apprentissages devraient être laissés à ceux dont c’est le métier : les pédagogues, les chercheurs, les didacticiens. Les professeurs ? Oui et non. Je ne nous crois pas qualifiés pour apporter grand-chose à de tels débats fondamentaux, étant données la vacuité de notre formation, notre méconnaissance de l'histoire de la pédagogie, de l'histoire de l'enseignement de notre discipline, étant données nos méthodes de travail basées majoritairement sur l'intuition personnelle et sur l'expérience (car nous ne savons pas faire autrement !) (et ce n'est pas nécessairement toujours mauvais).

Je sais qu'avec ces derniers mots, je vais en fâcher plus d'un.e. Alors je précise ma pensée :

Nous, professeurs, faisons le plus souvent notre métier du mieux possible, nous progressons tous les ans, et même tous les jours, il nous arrive d'éprouver des satisfactions pédagogiques, de déceler l'étincelle dans l’œil de l'enfant qui a compris... Nous ne sommes pas des incapables tout juste bons à appliquer des directives émanant (dans le meilleur des cas) d'experts dans notre discipline et en sciences de l'éducation, sans donner notre avis.

Mais notre travail de pédagogues sur le terrain est complémentaire de celui des chercheurs. Il ne s'y substitue pas, il devrait s'en nourrir. Je rêve d'avoir une heure ou deux par semaine pour lire, et surtout travailler, sur les dernières publications en didactique des mathématiques ou en pédagogie, entourée d'autres professeurs et d'intervenants extérieurs. En mathématiques, on a la chance incroyable, si on le désire, de pouvoir faire partie d'un groupe de travail dans un IREM (Institut de Recherche sur l'Enseignement des Mathématiques), ces instituts installés au sein des universités, ouverts aux professeurs du secondaire. Mais même si certaines de nos activités dans les IREM peuvent être rémunérées, il n'y a pas de décharge horaire, et surtout, ces participations ne sont pas généralisées à tous les professeurs. Bref, je rêve d'une véritable formation continue.

 

 

En tant que parents, même profs de math, je ne crois pas que nous ayons fondamentalement besoin de connaître en détails l'histoire des apprentissages numériques. De même que je précise aux parents de mes élèves collégiens et lycéens que leur rôle n'est pas d'expliquer la réciproque du théorème de Pythagore ou l'écriture exponentielle d'un nombre complexe, mais d'accompagner leurs enfants dans l'organisation de leur travail personnel et surtout de leur offrir un environnement propice aux apprentissages (rythmes de sommeil, loisirs...), je pense qu'un parent d'enfant de moins de 6 ans devrait simplement pouvoir faire confiance à l'école maternelle. Il est alors rassurant de savoir que l’Éducation Nationale est agitée par des débats sur la méthode globale ou la méthode syllabique, car cela signifie que les acteurs de l'éducation réfléchissent et se forment. Il est donc inquiétant de ne (presque) jamais rien entendre sur les apprentissages numériques. C’est pourquoi la publication de l'article de Rémi Brissiaud par le Café Pédagogique me donne un peu d'espoir !

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