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Je sais, j'étais en pause, mais là il fallait que je réagisse. J'ai lu un article trop énervant sur les agrégés qu'ont plus le moral. (Elle a une bonne tête, la prof agrégée de la photo, non ?)
Je sens que je vais redire des choses que j'ai plus ou moins déjà dites ici, mais j'ai un peu la flemme de chercher où et quand (je suis en pause oui ou non ?). Et je les pense vraiment doublement ou triplement, ces choses.
En fait je pense que la baisse de moral touche surtout des profs plus âgés, car leur métier a certainement pas mal changé depuis le début de leur carrière.
Quand ce sont les jeunes agrégés qui se plaignent, je ne comprends pas. Ils ont passé un concours de recrutement, c'est-à-dire qu'ils ont postulé volontairement. Le fait qu'ils ne se soient pas renseignés avant sur la nature du boulot à effectuer, ça me dépasse ! On ne va pas à un entretien d'embauche sans savoir ce qui nous attend, non ? Et ça fait déjà au grand minimum 20 ou 30 ans que c'est galère pour les profs dans les banlieues, que les agrégés sont souvent en collège et peu dans le supérieur, etc. De plus, on le sait depuis longtemps que les profs sont mal vus et pris pour des fainéants.
Et puis quelle personne utilise dans son boulot au quotidien ce qu'il a appris pendant ses études ? Les ingénieurs, qui ont fait le même nombre d'années d'études qu'un agrégé ? Ils font encore de la physique quantique, Schrödinger et compagnie, ils diagonalisent des matrices tous les jours en rentrant de la cantine ? Lol. Et ben les agrégés c'est pareil. Ils n'utilisent pas d'homographies de la droite projective complexe au détour de la photocopieuse. Mince alors.
Je ne dis pas que le boulot est facile, et que ça me plaît de me faire traiter de feignasse, ou même de m'entendre dire que je travaille trop (parce qu'avec 15h par semaine on s'attendrait à ce que je mène une vie de farniente). Mais bon, j'ai passé l'agreg en connaissance de cause.
Je ne dis pas non plus que tout va bien dans l'éducation nationale. C'est même le contraire, et je serais pour une bonne révolution du système, une vraie. Mais bon, ce n'est pas nouveau, je me souviens que je pensais déjà à tout ça quand j'étais en 4e.
Et puis une autre chose qui me met en rage, c'est quand on sous-entend que quand on a fait de longues études, on ne veut pas "s'abaisser" à enseigner dans les petites classes. Je vous arrête tout de suite. Au risque de me la péter un peu : pour quelqu'un qui a une licence de math ou plus, l'étude du logarithme en classe de Terminale scientifique est aussi facile que le calcul avec des nombres relatif en Cinquième ! On enseigne toujours des choses qui nous paraissent évidentes. "Avant le bac, c'est pas des maths, de toutes façons", comme disait mon prof de math sup, "et là faut pas la ramener vous en êtes qu'à bac+epsilon".
En revanche il est bien plus difficile d'apprendre à un enfant ce que c'est qu'un nombre décimal (oui, il y a plein de nombres entre 3 et 4) que d'enseigner à des Terminales la détermination de l'équation de la section d'une sphère par un plan de l'espace.
Pour faire encore plus dans la provoc, et sortir du sujet, je dirais qu'on devrait plutôt passer des agrégations de pédagogie, voire de didactique des mathématiques, d'épistémologie et d'histoire des math, et que les profs de math devraient tout au long de leur carrière participer aux activités des IREM (Instituts de Recherche sur l'Enseignement des Mathématiques). Et pareil dans les autres disciplines.
It's up to me and you.